C’est le sujet qui monopolise l’esprit des fans actuellement. La toute première histoire de la série, diffuseé en 1963, An Unearthly Child, a disparu. Alors non, la BBC n’a pas fait de ménage de printemps dans ses archives et n’a pas vraiment perdu le programme. En réalité nous avons affaire a un cas typique de ce qui empêche la diffusion d’un grand nombre de programmes anciens. Dernièrement, la BBC a confirmé au Radio Times que l’histoire ne sera pas disponible le 1er novembre… Mais prenons les évènements dans l’ordre.
Le 7 octobre 2023, Le fils du scénariste Anthony Coburn poste sur Twitter (nouvellement X) un message indiquant qu’il avait refusé une offre concernant le renouvellement des droits de l’histoire « The Tribe of Gum ». Ce post n’est pas passé inaperçu et de nombreuses personnes lui ont répondu, soit de manière humoristique ou agressive, mais globalement, personne ne le prenait au sérieux. Depuis, des éléments sont venu étayer ses dires, comme par exemple le fait que la BBC passe en privé toute les vidéos concernant An Unearthly Child sur Youtube. Entre temps, Coburn continuait à poster des messages vindicatifs contre la BBC et tentait en vain d’expliquer son intention.
An Unearthly Child est la toute première aventure de la série. C’est également le titre du premier des 4 épisodes de 25 minutes que compte cette histoire. Le scénario a été écrit par Anthony Coburn et s’intitulait à l’origine The Tribe of Gum. Le titre seras modifié pendant l’enregistrement de l’histoire en studio et chaque épisodes reçoit un titre individuel. Il faut aussi préciser qu’Anthony Cobrun a utilisé dans son histoire des éléments d’un autre scénario écrit par Cecil Edwin « Bunny » Webber et la majorité de ces éléments se trouvent dans le premier épisode.
A cet époque, travailler pour la BBC était assez complexe. Jusqu’à l’arrivée de Syndey Newman en 1963, la BBC possédait un département scénario qui produisait tout le contenu diffusé sur la chaîne. Sydney Newman change cela à son arrivé en engageant des scénaristes indépendants afin d’avoir plus de liberté. A partir de ce moment là, la BBC ne possédait plus l’intégralité des droits sur les histoires. Un élément que Terry Nation, le créateur des Daleks, exploitera à son avantage tout au long de sa carrière.
Autre fait important, les contrats de diffusion de chaque histoire sont assez limités. Au début des années 50, tous les programmes diffusés sur la BBC était réalisés en direct en studio. Lorsque la bande magnétique permettant d’enregistrer des programmes à l’avance a fait son apparition, les syndicats des techniciens et des acteurs ont milité pour protéger leurs contrats et limiter les possibilités de rediffusion. Pour faire courts, si le programme était rediffusé, chaque techniciens et acteurs ayant travaillé dessus était payé. De ce fait, le contrat de diffusion de chaque histoire se limitait à une diffusion et une rediffusion. Toute autre rediffusion devait être négocier en amont. Bien sur, dans les années 60, personnes n’imaginait avoir la possibilité de revoir les programmes quand on le souhaite, et les combats syndicaux ont continué à suivre les progrès technologiques, comme nous avons pu le voir cette année avec les négociations entre les auteurs et les plateformes de streaming. La renégociation reste toujours nécessaire.
Dans le cas de An Unearthly Child, Anthony Coburn recevait donc un payement à chaque diffusion. A sa mort, c’est son fils qui hérite de ces mêmes droits. Et c’est justement là que ça bloque. Avec l’arrivé de l’intégralité de la série sur le BBC iPlayer pour les Britanniques, La BBC doit également renégocier les droits pour inclure cette possibilité. Dans ce cas précis, la BBC propose un paiement unique, ce que le fils a refusé, bloquant donc les droits de diffusion de l’histoire. La situation ne sera débloquée que lorsque les deux parties aurons trouvé un accord.
Stef Coburn accuse depuis longtemps la BBC d’être responsable de la mort de son père (décédé d’une crise cardiaque en 1977 durant la production de Poldark pour la chaine). S’il est logique de renégocier les droits de diffusion, l’héritier en a profité pour assouvir une vengeance personnelle.
