John Cura et les Telesnaps

Introduction

Il se peut qu’à la lecture d’un dossier parlant des épisodes perdus, ou des reconstitués, vous ayez lu à plusieurs reprises un mot étrange, “Telesnaps”, sans avoir jamais compris, ou vaguement, de quoi il consistait. Ce dossier est là pour vous! Vous y lirez des explications techniques et historiques des Telesnaps, mais aussi pourquoi ceux-ci sont si utiles actuellement.

Tout d’abord, en quelques mots, les Telesnaps (ou Tele-Snaps) sont des prises de vues des programmes de la télévision britannique, capturé sur pellicule et revendu à la BBC, aux acteurs et/ou aux directeurs de production pour être utilisés à des fins promotionnelle, mais pouvant aussi faire office d’exemples de travail pour les créateurs d’un programme, avant l’invention des vidéocassettes. Cette technique a été créée par John Cura, et on peut la comparer à celle de la capture d’écran.

Pour de nombreux programmes, les Telesnaps sont la seule trace dont nous disposons. C’est le cas de certains épisodes perdus de Doctor Who, et ses images seront utilisés par des fans des années 90 pour reconstruire les épisodes sous formes de diaporamas, avec en bande son des enregistrements amateurs de l’épisode.

John Cura et son invention

Cent-Six épisodes des Premier et Deuxième Docteurs sont encore manquant à ce jour, et pour la plupart d’entre eux, les chances de les retrouver sont très faibles. La faute à un défaut de politique de préservation de la BBC, et il en va de même avec tous ses programmes d’époque, tel les premières saisons de The Avengers (Chapeau Melon et Botte de Cuir), ou encore bien avant The Quattermass Experiment. Et s’il en reste néanmoins des bribes, des traces visibles parvenue jusqu’à nous, c’est principalement grâce à un homme qui, chez lui, faisait des enregistrements visuels particulièrement inédits pour l’époque.

Cet homme, c’est John Cura (né Alberto Giovanni Cura à Clapham, au sud de Londres le 9 Avril 1902, il y décèdera le 21 Avril 1969). Il officiait en tant qu’électricien, puis photographe (bien qu’il fut un amateur à la base) et a inventé un appareil de prise de vue qui, posé devant un écran de télévision, capturaient des images à intervalle réguliers (une fois toute les 25 secondes le plus souvent, mais c’était réglable). Le négatif tenait sur la moitié d’une bande de 35 mm (ce qui lui permettait de prendre le double d’image sur une même bande). Une fois la pellicule développée, la septantaine de photo (en moyenne pour un programme de 25 min.) tenait sur de longue bande à la largeur minuscule, numérotée par ordre de prise de vue à l’arrière et placée dans des petites enveloppes signée et numérotées elles aussi de John Cura.

Son neveu, Roger Smith, se souvient : « Cela me semblait tout bête […] juste un appareil posé sur un trépied un peu plus loin que la télé » pourtant la qualité d’image qu’il avait atteints, malgrè la petitesse des images, (24×18 mm), étaient étonnemment pointue.)

Avec cette technique, il enregistrait tous les programmes possibles de la BBC, alors encore seule chaine de télévision à l’époque où il a débuté son travail, et leur revendais, ainsi qu’à d’autres clients intéressés (les journaux notamment), ce qui lui vaudra quelques ennuis avec la BBC qui, furieuse de devoir passer par un particulier pour ses prises de vue (en effet il gardait son invention pour lui-même et ne l’a pas diffusé), lui a causé de terribles ennuis sous formes de procès pour droit d’auteur… mais nous y reviendrons plus tard.

Ce travail – assez lucratif il faut dire, car les clients étaient légions et ses dépenses minimes – s’échelonna de 1947 à 1968, soit un an avant sa mort, et il n’est peut-être pas inutile de dire que son arrêt de travail a beaucoup joué sur sa santé. Au tout début, en 47, cela ne faisait qu’un an que la BBC avait repris ses programmes interrompus juste avant la guerre (la diffusion des programmes avait plus précisément cessés le 1er Septembre 1939, juste après la diffusion d’un cartoon Mickey Mouse, car le signal pouvait guider les bombardiers allemands jusque Londres). Pendant ses vingt et un ans de collecte d’images, ce n’est pas seulement Doctor Who et d’autres séries qu’il a sauvé de l’oublis, mais aussi de nombreux journaux télévisés, en faisant un témoin particulier de grands faits historiques dont il a collecté de précieuses images… Y compris le couronnement de la Reine Elisabeth II, a qui il offrira une copie de ses telesnaps (ce qu’il continua à faire, il offrit au palais les telesnaps de chaque évènement royal qu’il avait enregistré). Si les bandes du couronnement existent encore aujourd’hui, elles ne sont pas aussi nettes que ses images avant leur restauration.

Il faut savoir que, comme le fameux couronnement, la plupart des programmes étaient enregistrés en direct, “en live”, excepté les films achetés spécialement. La technique de Tele Recording (une caméra posée devant un écran de télé, enregistrant le direct) permettait de sauvegarder les programmes sur bandes vidéo permanentes, mais la technique était extrêmement couteuse avant l’invention de la VHS. Afin d’épargner des pellicules, une fois le programme rediffusé une fois (rarement plus, le contrat avec les acteurs étant le plus souvent pour deux diffusions), on réenregistrait par-dessus. Les programmes en live donnait cette impression particulière de scène de théâtre : les acteurs répétaient au maximum leur texte, puis le tout était filmé simultanément dans plusieurs décors… même l’orchestre de la BBC jouait la bande son dans une pièce éloignée en même temps ! Cette technique se faisait déjà rare aux débuts de Doctor Who, qui se filmait en différé ; néanmoins, les acteurs n’avaient droit qu’à une seule prise, et pour cela ils s’entrainaient pendant toute la semaine. C’est sans doute du à cela que William Hartnell est souvent pris de bégaiement ou d’hésitation, puisque sa mémoire commençait à chanceler – cela le rend d’autant plus spontané !

Difficile de garder des traces d’un programme produit en grande quantité, comme Doctor Who (une quarantaine d’épisode rien que pour la saison 1), et diffusé si peu de fois. Heureusement, John Cura en capturait des salves d’images, ainsi que pour d’autres programmes, dans son petit appartement au dessus d’un magasin à Claphan, au sud de Londres. Alors âgé de 45 ans lorsqu’il commence à « telesnapper », il est marié à Emily (dix ans sa cadette), il est petit, discret, ses lunettes lui donne un air très sérieux – il l’est ! et il n’est pas peu fier de son invention originale qui l’aide au début à arrondir ses fins de mois et dont il finira par faire son métier à part entière. En travaillant là-dessus pendant 21 ans, cet amateur a pris plus de 25 000 instantanés de programme télé… du moins de ce qu’on en a retrouvé, car on estimerait son travail à un demi-million de capture d’écran.

Il est intéressant de se pencher sur les relations houleuses entre John Cura et la BBC ; selon l’un des rares articles à propos de John Cura, publié dans le magasine What’s On en février 1948, il faisait « Des essais avec l’appareil photo depuis deux ans avant de trouver le degré de réussite qu’il voulait. Pendant ce temps, [il] avait connu beaucoup de revers, beaucoup d’échecs. »

Dans les faits, cela a peut-être mit moins de temps que cela (une quinzaine de mois tout au plus), car le 11 septembre 1947, Cura écrit au Service de Télévision de BBC en proposant ses services. Il y joignait quelques échantillons de ses telesnaps et demandait l’autorisation d’exploiter sa découverte commercialement. La BBC en a été totalement déconcerté, et personne ne trouvait de réponse adéquate à fournir ; il y a encore des traces dans le dossier « Cura » des mémos internes entre les départements, particulièrement au Legal Department, qui en était très inquiet. C’était alors une question « assez difficile et inhabituelle impliquant le Droit d’auteur. »

 

La question fini par être tranché par le Directeur-général de la BBC lui-même, autorisant John Cura à poursuivre ses activités, mais avec de nombreuses restrictions et en se justifiant :

« La position juridique étant encore obscure, mais pour le moment nous ne voulons pas lever toute objection à votre proposition, à condition que vous ne preniez seulement des telesnaps d’artistes individuels qui vous en on donné l’autorisation […] et que vous ne vendiez pas les photographie à quelqu’un d’autre que les artistes en question. Nous ne vous demandons pas de payer une redevance sur les photographies, et nous préférerions que vous ne fassiez aucune allusion à la BBC dans vos photographies. »

Cura peut alors commencer à travailler. Le 26 octobre 1947, il poste une lettre à Joan Gilbert, qui produit l’émission populaire Picture Page, disant ceci :

« Depuis ma démobilisation de la Royal Air Force […] J’ai fait de nombreuses expériences pour prendre des photos depuis mon écran de télévision, mais avec très peu de succès.

J’ai construit maintenant un appareil photo entièrement de ma propre création qui, je crois que vous serez d’accord, me donne d’assez bonnes photographies. […] »

Il y joint deux telesnaps de tailles normales et deux agrandissements qu’il a capturé pendant le Picture Page du mercredi précédent. Cura précise qu’il les lui offre, et que les collaborateurs de son émission en recevront également. Il propose ensuite ses services pour la suite, précisant son tarif :

Une Guinée (ndla : 1 guinée égal 21 shilling, et il y a 20 shilling dans une Livre Sterling actuelle. Donc, à peine moins d’un euro) pour un agrandissement de 8×6 ou en 10×8, plus trois miniatures.

10/6 pour chaque agrandissement supplémentaire, et 2/6 pour chaque miniature supplémentaire. (ndla : La notation pré-décimale anglaise est complexe. Ici, il s’agit de 10 shillings et 6 pence pour le premier, 2 shillings et 6 pence pour le second. Laissez tomber la conversion en euro, ça fait tout de manière beaucoup moins qu’un euro.)

Joan Gilbert lui répond positivement, et l’encouragement : il pouvait enfin se lancer sérieusement dans son commerce de Telesnaps. Bien que les images de Cura ai été soumis à un payement au préalable, il garda toujours sa technique d’envoyer des photographies gratuites à des clients potentiels (et ce en dépit de la restriction de la BBC) accompagné d’un bon de commande, par pure spéculation.

Son travail est de plus en plus reconnu, et lors du mariage de la Princesse Elizabeth avec Philip Mountbatten en novembre 1947, lui qui était passionné de la famille royale, il prend le plus possible de Telesnaps et les envoie aux jeunes mariés. De même lorsque le roi Georges VI et son épouse assistent à une comédie populaire de commande royale à l’ITMA, il leur envoie par la suite le résultat de son travail. Il en fera un argument de vente dès décembre 1948 :

« Les « Telesnaps » ont été présentés et accepté par leurs Majestés le Roi et la Reine, ainsi que par la Princesse Elisabeth. Ils ont aussi étés fournis aux principales personnalités de la télévisions »

Les dossiers de la BBC précisent que certaines personnes du métiers un peu plus agées n’ont pas du tout été amusé par les propositions très directes de John Cura. Ils ne savaient pas vraiment jusqu’à quel prix on pouvait exploiter leur émission. Pour exemple ce qu’écrit, par Cecil Madden (une figure de proue de la télévision britannique de l’époque) en février 1948,:

« Je ne sais pas […] si vous avez entendu parler des activités de cet homme, mais je déduis qu’il prend des photos de presque tout ce qui apparait sur l’écran de télévision et écrit ensuite a tout le monde en leur suggérant d’acheter des copies aux grandeurs d’un ongle de pouce, qui peuvent être élargie. Cura doit en faire un buisness magnifique, il a découvert une affaire avec presque aucun frais généraux et des réserves inépuisables d’acheteurs ! »

En effet, à l’aube des années 50, la fameuse réserve inépuisable d’acheteur incluait les journaux et magazines du monde entier. Par exemple, lorsque l’équipe d’aviron d’Oxford c’est retourné dans l’eau en 1951, les premières images publiées furent les Telesnaps ! Cura avait développé une base de client considérable, chez les acteurs et autres artistes. Comme beaucoup d’autres, le trio de chant « Beverly Sisters » a utilisé ses services pour garder une trace pour chacune de leur apparition télé, ce qui les a amené à se rencontrer : « Nous étions connue pour notre précision, mais nous ne nous voyons jamais à la télé ! Grâce aux Telesnasps, nous voyons à quoi nous ressemblions à l’écran. John était quelqu’un de tranquille, studieux, pas ostentatoire. Il avait des valeurs, et nous lui disions toujours à quel point son travail était magnifique. »

S’il n’étaient pas apprécié par les directeurs de la BBC, il l’était des créateurs de programmes, comme le rappelle la productrice Mary Burrell-Davis, « le personnel a toujours trouvé cela très utile ; si vous faites une émission en live, vous ne savez jamais ce que ça donne, mais là vous pouvez le juger à partir des telesnaps et juger de votre position. […] »

Pendant que Cura était apprécié par tous, la BBC reste sur sa position officielle d’inquiétude à propos du copyright ; le photographe leur avait ouvert les yeux sur le déluge potentiel de nouvelles activités qui se créerait autour de la production audiovisuelle et sur laquelle ils n’auraient aucun contrôle. En 1951, une note de la société envoyée au comité gouvernemental prenait son exemple pour illustrer l’urgence de préciser la loi sur les droits d’auteurs et de créer une loi sur la diffusion.

Mais les gouvernements successifs avaient surtout à l’esprit la reconstruction d’après-guerre, et si une modification de la législation a bien eu lieu en 1956, elle ne donnait pas de solution concrète à la BBC, qui depuis le temps s’était fait à l’activité de John Cura… en allant même jusqu’à le reprendre à son propre comptes ! Des magazines, tel le Radio Times et The Listeners, ont tellement utilisé les Telesnaps, et la BBC les a souvent réutilisé pour créer des albums – notamment celui commémorant le couronnement de la Reine.

Bientôt, son travail connait un certain retentissement ; les manuels d’instructions des fabricant de télévision les utilises comme illustration, et même dans des publicités ; et bientôt, on peut lire : « Parmi ceux qui ont honoré John Cura en acceptant des Telesnaps sont la Famille Royale ; le Roi de la Norvège ; le Roi du Danemark ; reine Juliana des Pays-Bas ; ex-président Auriol de la France ; monsieur Anthony Eden ; monsieur Winston Churchill ; Earl Attlee ; Mme Eleanor Roosevelt ; M. Charles Chaplin ; et trop de célébrités pour pouvoir les énumérer ici.

Le neveu de Cura raconte souvent que sa tante avait pris pour habitude de dire que « Benny est venu, aujourd’hui », en parlant de Benny Hill.

Néanmoins, Cura lie assez rarement des liens aussi particulier qu’avec Benny Hill ; l’un de ses clients le plus régulier, Peter Dimmock, parle de lui en ses termes : « La plupart de mes contact avec lui étaient par téléphone, ou avec mon secrétaire. Mais je l’ai rencontré une fois, très brièvement ; il s’est levé et c’est présenté. Je lui ai répondu que j’étais enchanté de le rencontrer enfin, et je lui ai demandé si son travail lui permettait beaucoup de temps libre, ce à quoi il a répondu qu’il était passionné par cela. Il m’a semblé être très réservé et timide, et pas l’homme flamboyant et arriviste comme on le décrivait. Si je l’avais revu de nouveau, je doute même que je l’aurais reconnu ! »

Bien qu’humble et doux lorsqu’il paraissait en société, il pouvait être très vif et acéré à la machine a écrire. La BBC s’habitua à recevoir des lettres critiquant la qualité de l’image filmée, mais aussi les partis prix artistiques : il était manifestement de la catégorie des téléspectateurs qui ne restent pas passif devant un programme, il le décortiquait et le critiquait facilement ! (« J’ai apprécié votre nouveau programme […] quel plaisir d’entendre des chanteurs qui chantent enfin justes ! »)

Lors de l’arrivée de la télé commerciale, il écrit à Cecil Madden : « Quand je vois des ‘plug-spot’ (publicité), les mots me manquent. Dans 90% des cas, je n’avait jamais vu de tels déchets de stupidités ! »

L’arrivée de la deuxième chaine britannique (ITV) fit redoubler d’effort John Cura ; en effet les directeurs avaient de quoi le payer ; il achète une seconde télévision et monte un nouvel appareil photo. Sa vie se complique encore au lancement du troisième canal, BBC2. Sheila Smith se souvient : « Mon mari disait que John avait des télévisions dans chaque pièces. Nous n’osions jamais passer leur rendre visite, de peur de le déranger dans un certain enregistrement ! »

Le fait est que, bien que négligeant sa santé, ses revenus ne cessaient d’augmenter, avec des émissions de plus en plus populaires (Z Cars, Compact, The Newcomers, A For Andromeda, Softly Softly). Il était particulièrement amateur de fiction à la télévision ; il pris environt 1800 telesnaps rien que pour Spycatcher.

Son intérêt pour Doctor Who est très grand, et sans ses Telesnaps, beaucoup d’épisodes n’auraient plus aucune trace ! D’ailleurs la gratitude des fans de la série de science-fiction du samedi est immense.

La technologie change le cours des évènements. Dans les années 60, un grand nombre de téléfilm, de séries et d’émissions étaient pré-enregistré sur des bandes. Comme les prix des telesnaps restaient les même et que la BBC dépensaient 1300£ par an pour en récupérer des copies, le Directeur des programmes songeait à se passer de ses services. Malgré le moment de gloire que lui offrit le Times américain, en publiant 5 de ses telesnaps, ne fut qu’un bref répit… les affaires se faisaient plus rare.

 

Et comme il en avait terminé avec son travail de toute une vie, c’en était aussi fini de John Cura ; moins d’un an après avoir cessé ses activités, il contracte un cancer du côlon en meurt dans un hôpital de Battersea, à l’âge de 67 ans. Ne laissant qu’une veuve, qui ne s’est jamais remariée, et sans enfant, son départ fut ignoré totalement par le grand public, et les connaissances qu’il avait rencontré dans le milieu de la télévision l’ignorèrent totalement, car il s’était totalement retiré de la vue de tous pendant sa maladie.

 

John Cura est enterré dans le cimetière Streatham Park. Il n’avait pas fait de testament, donc son patrimoine, évalué à 12,500£, alla à Emily.

Et qu’en est-il de ses archives connues de Telesnaps ? Exceptée celles de la famille royale, et ceux sauvés par la visite opportune des Beverly Sisters, tout fut détruit dans une crise de dépit par Emily.

« Emily nous a dit que quand John est mort, elle s’est mise en contact avec BBC et a dit, ‘J’ai reçu un garage plein de photos, les voulez-vous ?’ ” et un cadre avait répondu, ‘Nous allons de l’avant, Mme Cura, pas en arrière.’ Emily nous a dit qu’elle était très affectée et que c’est pourquoi elle a détruit le lot. »

Cette réponse du cadre de la BBC rend bien compte du peu d’intérêt que la société portait alors sur le travail de John Cura – qu’elle trouvait dépassé par les plus récentes technologies – mais aussi à ses archives. Cela nous donne un nouveau regard sur la disparition de nombreux épisodes de Doctor Who, The Avengers et autres.

Emily a quitté Northcote Road peu après le décès de son épou, et est elle-même décédée en 1981. Dans son testament, aucune trace des Telesnaps. Ceux-ci, par les collections personnelles des acteurs, directeurs de programmes, producteurs, des Beverley Sisters et d’autres particuliers, ont voyagés jusqu’à nos jours, collé avec soin en bas dans les albums d’artistes et producteurs à la retraite. Certains appartiennent encore au British Film Institute ou à la BBC.

La dernière fois qu’il en apparu sur ebay, la bataille pour les acheter fut acharnée, et ce n’était même pas un programme très connus ! (ndla : je fis partie des acharnés, mais j’ai fini par jeter l’éponge. Par contre j’ai gardé les images, vous les trouverez ci-dessous.)

 Ils restent de vrais trésors racontant l’histoire sociale et culturelle britannique d’après-guerre, digne de publication et d’exposition, et ne le sont pas que par manque d’appréciation.

Ce manque d’appréciation est encore plus flagrant chez la BBC, qui n’a jamais présenté ses excuses publiques à la veuve de John Cura. Les Telesnaps seraient plutôt un petit sujet de honte, vu qu’ils ont favorisé les copies pirates des épisodes perdus – les fameux loose canon – et reste un problème de copyright, aussi longtemps après. Ils sont néanmoins publiés sur leur site internet et ont pris le nom de photonovels (roman-photo, avec des descriptions et parfois un extrait sonore) pour un peu plus d’une quinzaine d’épisodes perdus. D’autres sont disponible dans certains bonus DVD, et avant l’invention du net, ils pouvaient être publiés ce fut aussi le cas dans le Doctor Who Magazine. Sur le site internet, c’est avec un copyright de la BBC que les images sont créditées. Aucune mention de John Cura. D’ailleurs, toute trace en est effacée, puisque les images sont décrites comme « Contact Sheet », et non Telesnaps

Si la BBC n’a jamais admit l’importance de son travail, des personnes liées à la BBC n’ont pas manqué de le salué, mais ils sont rare. Le mot de la fin sera cette réflexion de Sheila Smith : « Je ne peux pas penser que chacun d’entre nous c’est vraiment rendu compte à quel point tout cela était important. »

Sources

Internet

Livres

  • Fanzine : Nothing at the End of the Lane (www.endofthelane.co.uk)
    Le numéro # consacré un article très détaillé sur John Cura et sa relation avec la BBC.
  • Wiped! Doctor Who’s Missing Episodes (telos.co.uk)
    Livre de Richard Molesworth sur les épisodes perdues
JohannALT

JohannALT

Auteur.rice

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